Prise en charge de la dépendance ; enjeu majeur de service public au XXIème siècle

Les différents « cris d’alarme » lancés par les acteurs de la prise en charge du vieillissement et de la dépendance, montrent une nouvelle fois que ces questions publiques ne reçoivent pas l’attention qu’elles méritent. Surtout que le vieillissement de la population, c’est à dire l’augmentation de la part de la population âgée dans la population totale, est un phénomène démographique prévisible qui a été relevé il y a des dizaines d’années.  

Dans une société marquée par une stagnation de la natalité et un allongement de l’espérance moyenne de vie, le vieillissement de la population est une évidence et personne ne devrait s’étonner qu’aujourd’hui les plus de 60 ans représentent 15 millions de nos concitoyens soit plus de 20% de la population française.

Face à ce constat, il faut néanmoins mesurer l’écart entre le vieillissement factuel de la population et sa perte d’indépendance. Car vivre plus longtemps ne signifie pas vivre plus longtemps en bonne santé ; selon un rapport du Haut conseil du financement de la protection sociale, en 2040, le France devrait compter environ 2,2 millions de personnes âgées dépendantes, contre 1,3 aujourd’hui, ce qui revient à estimer une hausse de 900.000 personnes dépendantes en seulement un peu plus de 20 ans (soit une augmentation de + 65 %).

Prévoir l’évolution du nombre de personnes dépendantes s’impose comme un exercice majeur pour anticiper l’effort que l’Etat et les collectivités devront obligatoirement faire en direction des personnes âgées. Etant donné que les conditions d’accueil des EHPAD sont déjà aujourd’hui insuffisantes et très inégales sur le territoire, une si forte augmentation de la demande sans anticipation des pouvoirs publics reviendrait à abandonner le secteur de la prise en charge du vieillissement au délabrement le plus total.

Quoi qu’il advienne, il est urgent d’apporter des réponses aux enjeux du vieillissement. À la fois pour la prise en charge de la dépendance à domicile, comme en maison de retraite. Et la France a les moyens de se préparer au phénomène ; selon les dernières données du Ministère des Solidarités, le coût de la dépendance passerait des 30 milliards € de dépenses que nous connaissons aujourd’hui à 45 milliards en 2045, représentant une augmenterait de 0,7 point de supplémentaires de PIB.

Malgré cette forte augmentation l’effort à fournir semble tout à fait supportable compte tenu de l’importance de l’enjeu. Rappelons que, par exemple, le « pacte de responsabilité » de baisse des charges sociales, représente à lui seul 40 milliards chaque année.

L’enjeu en revient alors à déconnecter cette question d’intérêt général telles des logiques marchandes qui ne regardent que les coûts et les profits des services publics. Il faut rebâtir un véritable service public de la prise en charge du vieillissement et de la dépendance, en confiant notamment cette question à la sécurité sociale, pour répondre aux besoins qui s’annoncent colossaux et pour assurer une égalité de fait entre les citoyens de pouvoir bien vieillir indépendamment de ses moyens ou de ceux de sa famille.

Le vieillissement, tout comme l’écologie, est un sujet qui concerne chacun d’entre nous. Nous devons adopter dès aujourd’hui des politiques fortes pour répondre aux enjeux de demain.